Il est évident que le statut du texte change profondément à cause de l’impact des technologies numériques. D’une part, dans les environnements numériques le texte est partout : les images, les vidéos, les clics, les objets et même les actions sont en réalité des séries de caractères. D’autre part, le texte acquiert une valeur opérationnelle. Comme le montrent Souchier et Jeanneret avec la notion d’“architexte”, le texte fait des choses, il produit d’autres textes ou des actions. La thèse de cet article est que ces changements en impliquent un autre: le texte devient un matériel architectural, dans le sens propre du mot – à savoir, et en dehors des métaphores, il est l’élément qui structure matériellement l’espace dans lequel nous vivons. Cette thèse est à la base de la théorie de l’éditorialisation, notion qui peut être définie comme “l’ensemble des dynamiques qui produisent l’espace numérique.”
Les technologies d’édition numérique sont à l’origine des documents comme les articles ou les ouvrages, et elles constituent un exemple original d’objet nativement numérique. Dynamiques, modulables, protéiformes, plusieurs exemples récents de technologies tendent à interroger leur statut. Si notre point de départ est la comparaison entre les documents et les technologies d’édition numérique, nous les dissocierons en soulignant la dimension réflexive de ces technologies. Cet article présente trois exemples : Distill, une revue dont les articles sont gérés comme des programmes informatiques ; Quire, une chaîne de publication qui génère des livres multiformes ; Stylo, un éditeur de texte sémantique qui permet l’écriture dans un contexte d’édition scientifique. Notre méthodologie consiste en l’analyse de ces trois systèmes de publication, emblématiques des transformations numériques à l’œuvre, basée sur trois critères (structure, inscription et réflexivité). Ces trois initiatives rassemblent nombre des spécificités propres aux objets nativement numériques qui nous entourent désormais, alors que les technologies d’édition traditionnelles reposent principalement sur une chaîne d’impression.
Désolidarisée de la position fixe de l’ordinateur du bureau, la connexion devenue hyper est non seulement intégrée à l’espace urbain et à ses structures, mais se fait désormais par l’intermédiaire des dispositifs mobiles que nous avons avec – et sur – nous à tout moment et à tout endroit. Ce texte étudie la condition hyperconnectée sous l’angle de la mobilité, de la littérature numérique et de l’espace urbain. En analysant deux projets littéraires portant sur le rapport entre images de la ville et hyperconnexion, Les lignes de désir (2016) de l’écrivain français Pierre Ménard et le chantier collaboratif montréalais Dérives (2010-), il pousse à réfléchir à certains changements que les technologies numériques apportent à la ville, ainsi qu’à la manière dont la littérature peut s’emparer de ces dernières afin de produire de nouveaux imaginaires spatiaux.
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